31.3.06

un et un font un


(Egon Schiele, encore et toujours Egon Schiele)


Ce soir on crève, beauté

tes poèmes glauques sur mon sofa béton armé!
je deviens folle
feu roulant de fureur dans un éclat qui s'éteint
sans nous,
nous qui restons la swith sur positif
et dans les silences on parle
dans les silences on screamera!
ma belle endorphine piqure sans pincement
que tu culmines sous les néons!

toi, toi! sans ton givre tu perds toute ta candeur
et j'accroche mes babines sur ton sein droit
tout éfiloché d'hier nuit

J'ai la main dans ta sacoche à surprises
tu cries comme une enfant qui cherche sa maison
je te la pointe du menton ; tu ne me vois pas
tes yeux sont scotchés sur les miens - le focus est hors-option

adieu visage de fer sous les lunettes opaques de la conscience!
adieu ; adieu jour sans début soleil sans descente
le climax lutte pour exister
prend-lui le bras, lève-lui le poing he's a champion

jure-le moi! on finira enfin par brûler
comme nos cigarettes en pile de mégots dans un verre sale
et on finira par se désallumer,
épuisées de trop de vent dans les yeux versus les flammèches


un souffle trop fort aura eu raison de ma main dans tes cheveux

29.3.06

la drogue, c'est mal.

consomme les heures
comme des puffs
de fumée
qui rendent ta gorge
tout croche

plus tu respires fort
plus t'es buzzé

buzzé à l'air libre
explosé à la chimie des heures
tu tournes en rond sur une jambe
les étoiles ne sont plus immobiles
l'asphalte te frôle les orteils nus
tu lévites sans magie
et sans arsenal tu marches droit
dans un mur de minutes

puff puff
give pas

garde tout pour tes poumons déjà brunis

26.3.06

en rage

j'ai pourtant voulu encore
te serrer les doigts fort
d'une morsure de main toute seule
dans la nuit du printemps

vouloir vouloir je serre trop dur
ce qui est mou et squeaky déjà

si je savais arrêter ma main folle
et son visage de femme
je ne l'arrêterais pas

une fois encore pourtant
je veux déserrer mes doigts fragiles
de ta main-marteau
et arracher d'un coup lent tout ce qu'elle emporte
jusqu'à nous deux dans l'oubli
jusqu'à nous deux dans l'oubli

jusqu'à nous deux dans l' oubli -

d'un printemps qui s'allume
jusqu'à l'ennui des printemps qu'on oublie



15.3.06

nous sommes jeudi à peine

je vous aime
tous, vous et vos bières
joints allumés sur le bord de la gueule

nous sommes des gamins âgés
sur la surface d'un Montréal triste

on est là à foutre la baraque à l'envers
nos bouteilles vides, nos allumettes
et nos chansons superposées

on a l'humour en bataille
le fou rire en boucle
et les regards flous
l'un
à
l'autre

on erre le grand côte-des-neiges
à répétitions
le capuchon plein de cheveux ventilés par la brise
et la lune nous semble si ronde
dans son halo brumeux

le soir s'éteint sur les notes d'une musique
tes silences me hurlent un air beau et triste.

11.3.06

ce n'est qu'un samedi

je me suis demandée
ce matin de réveil abrupte
- et si j'écrivais?

alors j'empile les lettres
pour décrire les heures amoncelées
sous les soupirs ambiants
de ma folle gorge qui troque le son pour du silence

mais,
je sais aimer encore le soleil qui hésite à s'élever
à tatons de derrière la cime des arbres gris
et mon breuvage-triple-caféïne déjà promis
que j'irai avaler sous mars-midi

nous sommes samedi =
je n'ai pas perdu la trace du temps
mon plus grand des amours déchéanciées

nous devrions parfois réfléchir comme un corps seul et unique
parfois comme une seule brise d'un printemps-été en imminence

- je ne sais plus faire de métaphores

j'éteins le poème

je l'interrupteur